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vendredi 30 juin 2017

Sur les chemins blancs - juin 2017

Il y a des virus dont on ne se remet jamais complètement.  Une fois attrapés, on est bon pour des accès de fièvre épisodiques.  Pas la peine de lutter, pas de guérison possible.  Le cyclo fait partie de ces virus. Des semaines que ça me démangeait, malgré un dos récalcitrant.  Et cette année l'objectif, c'est la diagonale du vide, le ventre de la France, de Clermont à Brest par les chemins blancs, ces petites départementales et chemins communaux tracés en blanc sur les cartes.  Puy-de-dôme, Creuse, Haute-Vienne, des départements ruraux, ou les touristes ne sont pas légions, et qui vivent tranquillement à l'écart des agitations citadines.  10 jours de vélo en liberté.  
 
Et première journée en forme de montée au départ de Riom. Le rythme est peinard. Ça mouline léger.  On est pas là pour se faire engueuler.  
Méditation face au Puy-de-dôme.  Les paysages sont magnifiques.
Au couchant, les vélos sont poussés dans le champ sous l'oeil inquisiteur des voisins ruminants.   

Le chemin nous réserve quelques belles surprises, telles ce vieux viaduc ferroviaire de la Fade (le plus haut viaduc ferroviaire de France) qui surplombe la Sioule de ses 130 m.
La vie tourne au ralentis dans ces petits villages perdus de la Creuse, le seconde département le moins peuplé de France, dont la population est vieillissante.  Quelques citadins, dans un retour à la terre tentent d'y maintenir des commerces.  A gauche comme son nom ne l'indique pas, une couturière.
Des journées entières sans passer par le moindre village...
juste un centre de retraite bouddhiste ou l'autre.  Le centre Dhagpo Kundreul Ling sur la commune du Bost. 
On y fera la rencontre d'un moine qui, ayant déjà terminé deux retraites de 3 ans, a décidé de s'y établir. Impressionnant (mais très peu pour moi)
Les lieux de bivouacs sont légions dans la Creuse, pas trop besoin de chercher.
 
Ici, le climat est rude au point qu'il faut protéger les morts des intempéries

Ceux-là s'aiment encore :-)

Dun le Palestel, on comprend où Tolkien allait chercher ses noms de villes.  Sur la place, quelques commerces, tel "Aux 3 F : Fleurs Fantaisies Funéraire".  Tout un programme.  Remarquez la déstockage sur les cercueils ;-).  Le funéraire se porte bien par ici.
Les températures deviennent caniculaires.  On roule dès l'aube jusqu'en fin de matinée.  L'après midi c'est farniente avec un bouquin sous les arbres.  Un petit goûter de filets de macros vers 17h, et c'est repartis pour finir la journée au crépuscule.  Un peu usant.

Devant nos moyennes kilométriques qui fléchissent, la pointe du raz s'éloigne.  Mais on est pas là pour se faire assommer et  5 minutes de discussion plus tard, changement de direction : ce sera Noirmoutier.  Et par Ouradour-sur-Glane encore bien.
C'qui prouve qu'en protestant quand il est encor' temps, on peut finir par obtenir des ménagements

20h, le soleil se fait moins mordant.  On flânoche en pistant le bivouac.

Le village d'Ouradour, décimé et brûlé par les SS en 1944 est resté en l'état. 

642 personnes y furent exécutées.

...



Depuis notre changement de direction, on navigue sans carte.  Par paresse, on décide un après-midi de se laisser guider par le GPS.  Il nous déniche un vieux chemin de fer désaffecté, ombragé et presque plat, dans une région vallonnée et sous la canicule.  Un rêve.  Quand des données stockées dans un serveur américain à des milliers de km, nous guident sur des chemins perdus dans la cambrousse.  Étrange monde.  On se lassera toutefois très vite de l'assistance de Mountain View, finalement pas toujours tres avisée et on achètera de bonnes vielles cartes IGN.  On est pas là...

On contourne Niort par le sud, pour piquer dans le marais Poitevin, cette mystérieuse région.  A 6h30, à part les rats musqués, on n'est pas embêté.  Enfin si... par une joggeuse qui a fait une crise cardiaque et nous voyant débouler, avec nos tronches mal rasées.

Une brume matinale très appréciée, maintient des températures supportables et  nous permet de rouler un peu plus longtemps le matin.

Pause matinale avant la chaleur.  On a passé les 36° hier.
Parfois les chemin blanc se transforment en chemin noir. Pensée amicale pour l'ami Tesson. 
L'océan approche. Sous Saint-Gilles Croix de vie, on rejoint la côte, mais la mer reste invisible derrière les dunes.
Enfin,l'OCEAN à l'horizon.  Les vélos, plantés dans le sable, n'iront pas plus loin.

On se cale pour une petite soirée sur une plage déserte.  Vent frais, coucher de soleil spectaculaire et... soupe lyophilisée (avec une bière quand même, on n'est pas des sauvages)



Le monde est décidément petit!  Les ptits vélos dans la tête, avec qui j'avais voyagé l'été passé au Pérou, en Bolivie puis en Argentine, terminent actuellement leur voyage d'un an.  Nous avions renoncé à nous rencontrer car quelques jours devaient séparer nos chemins.  Notre changement d'itinéraire, le fait qu'ils soient 3 jours en avance sur leur programme et un ÉNORME hasard nous a fait choisir le même camping, le même soir et des emplacements côte à côte!!! (et on a failli se rater!).  "Y'a pas de hasard" me dit Enrique, depuis le début du voyage!  Je vais finir par le croire.

Yvan et Félix nous ont accompagné le lendemain en direction de Noirmoutier.  Bonne fin de voyage amigos!

Quant à nous, direction Noirmoutier.

Les marais salants de Noirmoutier

On en rêvait depuis deux jours : le Kouign amann, qui vient du breton Kouign (le cycliste, repéré par son bruit de pédalier) et amann (ami)

Vue du Camping de Noirmoutier côté recto.  Côté verso c'est caravanes et mamies en peignoir et pantoufles, je vous passe la photo.


Pour le retour sur le continent, ce sera le passage du Gois. 

C'est jour de grande marée, un samedi matin.  Autant dire qu'on était pas tout seuls.

Ouf, tout va bien :  je passe à l'ouest du point cardinal
Sur ce chemin privé, le véhicule prioritaire est : A L'éléphant - B : le vélo

Le retour se fera depuis Nantes en TER.  Nous profitons encore durant quelques 8 h de voyage de ce pays magnifique!!