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mercredi 15 août 2018

Cévennes, mont aigoual et Lozère





On a pas idée de faire du vélo au mois de juillet dans le sud de la France. Enfin, on ne devrait pas avoir idée. Pourtant on sait. On a vécu l’Espagne et ses 37° à l’ombre. Quand la seule façon d’avancer est celle de la technique de T-shirt mouillé (Pas celle de boite de nuit) : trempé dans la flotte d’une fontaine à 10° qu’on enfile sur le paletot et qui permet juste de rallier le village suivant. On connait. Mais nous c’est juste qu’on a une mémoire de bigorneau (séché). Et nous voilà donc plein d’entrain, 14h, à la sortie de la gare de Nîmes, 34°, pas un poil de vent. Les nîmois font la sieste, et nous on démarre pour 60 km de petites routes chauffées à t’en faire des mirages. Quelques heures de macération plus tard, on se posera pour un bivouac semi-urbain dans les faubourgs des Saint hippolyte du Fort.
Premier objectif de ce deuxième jour et du voyage, le bien nommé mont Aigoual. 1300m de montée sur 43km. Doux au début, moins après. Sur les bécanes dès 8h, on attaque fort déterminés.

11h30, Valleraugue : Oh un plan d'eau!  Pas besoin de se poser la question, en 2 secondes on est dans l'eau tout aussi déterminé qu'à 8h.... mais à faire une pause.

Après une petite discussion avec le patron fort sympathique du camping, un steakFritesMayo, quelques boissons maltées, une sieste (déterminée), la perspective douloureuse (surtout pour Enrique) de ne pas trouver de retransmission du France-Belgique, ben on s'installe finalement pour la journée...
(on est pas des sauvages quand même; puis 15km c'est déjà pas mal, et puis c'est haut l'Aigoual...)


Le Grand Soir arrive.  Nous sommes placés aléatoirement par le patron : belges et français mélangés pour un grand méchoui.  Oui parce qu'il faut quand même dire que le belge est quand même pas débile, il ne reste pas en Belgique pour ses vacances.  Il est plus à son aiiise dans le sud, là où on a bon. Donc on se retrouve presque à parité.  Ca va saigner.  Mon voisin de gauche, pied noir, grande gueule, m'explique des stratégies de jeu qui mettraient minable Napoléon, et que je n'aurais jamais cru pouvoir entrer dans la tête d'un footballeur.  Révisant son pronostique de façon forte adéquate en fonction du score, il fini par en pronostiquer le bon... à la fin du match (incroyable).  Mon voisin de droite, alsacien, parle peu, c'est reposant.  De mon point de vue de béotien le match est très frustrant.  Il me rappelle furieusement le combat entre la montagne et Oberyn dans le Trone de fer.  Du costaud peu inspiré d'un côté, de la rapidité et de la grâce de l'autre... et les yeux écrabouillés d'Oberyn à la fin...  Bon, Bonne ambiance quand même tout le monde se congratule à la fin.

Le lendemain on est vraiment déterminés


Au col avant le sommet, (ousse qu'on se buvait une petite mousse), on voit arriver un cycliste, à pied, chaussures façon clown (explosées), accompagné d'un acolyte hilare.  Ben c'est sûr que nous on monte moins vite avec un castorama dans les sacoches, mais des fois ça peut aider...
Vu d'en haut une montée est toujours plus sympathique

Avec 2m de pluie, 240j de brouillard, et 20j par an ou le vent ne dépasse pas 40km/h, on savoure notre chance de pouvoir en profiter.
Alors on en profite ...




...pour se poser à quelques centaines de mètres du sommet.  Vers 19h30 il n'y a plus personne.

On a même besoin d'une petite laine

ou d'un déguisement en monsieur Cetelem


d'après les spécialistes le ciel de cette régionde France est le plus pur




 
Longeant la région des Causse, on se hisse en fin de journée au sommet des mont-Lozère, au col de Finiels.
Les deux jours suivant, il est déjà temps de rejoindre la vallée du Rhône.  Pas la peine que je précise, d’où l'on vient et ce qu'on se dit.  Cette histoire est déjà finie, c'est une histoire ordinaire, on est tout simplement un mois de juillet sur la terre.

lundi 2 octobre 2017

La Drôme entre potes

La Drôme est un petit paradis pour les cyclistes amateurs : de nombreuses petites routes sans trop de circulation, des paysages magnifiques et des dénivelés somme toute raisonnables.  Les bivouacs y sont par contre parfois un peu difficile à trouver car le département est très peuplé.

Ci-dessous, quelques photos et le parcours de 2 jours de cyclo entre potes.  120 km tranquille, au départ de Valence TGV et arrivée à Montélimar, deux gares que l'on peut atteindre très facilement depuis Grenoble.



Premier bivouac vendredi soir à la tour de Barcelonne, sur la commune de Combovin.  Très jolie vue sur la vallée, mais le sentier pour y arriver est par contre un peu raide, poussage garanti.  Un emplacement sur la montée depuis Combovin est plus facile d'accès.

Tour de Barcelonne (avec 2n). 




Belle montée tranquille depuis Combovin jusqu'au col.


Pause post pizza à Crest

Près de Rochebaubin, second bivouac

Le très beau village de Châteauneuf de Mazenc

La chapelle du village


On termine ces deux jour par la visite du Chateau de Rochefort en Valdaine, dont la visite virtuelle peut se faire ici

vendredi 30 juin 2017

Sur les chemins blancs - juin 2017

Il y a des virus dont on ne se remet jamais complètement.  Une fois attrapés, on est bon pour des accès de fièvre épisodiques.  Pas la peine de lutter, pas de guérison possible.  Le cyclo fait partie de ces virus. Des semaines que ça me démangeait, malgré un dos récalcitrant.  Et cette année l'objectif, c'est la diagonale du vide, le ventre de la France, de Clermont à Brest par les chemins blancs, ces petites départementales et chemins communaux tracés en blanc sur les cartes.  Puy-de-dôme, Creuse, Haute-Vienne, des départements ruraux, ou les touristes ne sont pas légions, et qui vivent tranquillement à l'écart des agitations citadines.  10 jours de vélo en liberté.  
 
Et première journée en forme de montée au départ de Riom. Le rythme est peinard. Ça mouline léger.  On est pas là pour se faire engueuler.  
Méditation face au Puy-de-dôme.  Les paysages sont magnifiques.
Au couchant, les vélos sont poussés dans le champ sous l'oeil inquisiteur des voisins ruminants.   

Le chemin nous réserve quelques belles surprises, telles ce vieux viaduc ferroviaire de la Fade (le plus haut viaduc ferroviaire de France) qui surplombe la Sioule de ses 130 m.
La vie tourne au ralentis dans ces petits villages perdus de la Creuse, le seconde département le moins peuplé de France, dont la population est vieillissante.  Quelques citadins, dans un retour à la terre tentent d'y maintenir des commerces.  A gauche comme son nom ne l'indique pas, une couturière.
Des journées entières sans passer par le moindre village...
juste un centre de retraite bouddhiste ou l'autre.  Le centre Dhagpo Kundreul Ling sur la commune du Bost. 
On y fera la rencontre d'un moine qui, ayant déjà terminé deux retraites de 3 ans, a décidé de s'y établir. Impressionnant (mais très peu pour moi)
Les lieux de bivouacs sont légions dans la Creuse, pas trop besoin de chercher.
 
Ici, le climat est rude au point qu'il faut protéger les morts des intempéries

Ceux-là s'aiment encore :-)

Dun le Palestel, on comprend où Tolkien allait chercher ses noms de villes.  Sur la place, quelques commerces, tel "Aux 3 F : Fleurs Fantaisies Funéraire".  Tout un programme.  Remarquez la déstockage sur les cercueils ;-).  Le funéraire se porte bien par ici.
Les températures deviennent caniculaires.  On roule dès l'aube jusqu'en fin de matinée.  L'après midi c'est farniente avec un bouquin sous les arbres.  Un petit goûter de filets de macros vers 17h, et c'est repartis pour finir la journée au crépuscule.  Un peu usant.

Devant nos moyennes kilométriques qui fléchissent, la pointe du raz s'éloigne.  Mais on est pas là pour se faire assommer et  5 minutes de discussion plus tard, changement de direction : ce sera Noirmoutier.  Et par Ouradour-sur-Glane encore bien.
C'qui prouve qu'en protestant quand il est encor' temps, on peut finir par obtenir des ménagements

20h, le soleil se fait moins mordant.  On flânoche en pistant le bivouac.

Le village d'Ouradour, décimé et brûlé par les SS en 1944 est resté en l'état. 

642 personnes y furent exécutées.

...



Depuis notre changement de direction, on navigue sans carte.  Par paresse, on décide un après-midi de se laisser guider par le GPS.  Il nous déniche un vieux chemin de fer désaffecté, ombragé et presque plat, dans une région vallonnée et sous la canicule.  Un rêve.  Quand des données stockées dans un serveur américain à des milliers de km, nous guident sur des chemins perdus dans la cambrousse.  Étrange monde.  On se lassera toutefois très vite de l'assistance de Mountain View, finalement pas toujours tres avisée et on achètera de bonnes vielles cartes IGN.  On est pas là...

On contourne Niort par le sud, pour piquer dans le marais Poitevin, cette mystérieuse région.  A 6h30, à part les rats musqués, on n'est pas embêté.  Enfin si... par une joggeuse qui a fait une crise cardiaque et nous voyant débouler, avec nos tronches mal rasées.

Une brume matinale très appréciée, maintient des températures supportables et  nous permet de rouler un peu plus longtemps le matin.

Pause matinale avant la chaleur.  On a passé les 36° hier.
Parfois les chemin blanc se transforment en chemin noir. Pensée amicale pour l'ami Tesson. 
L'océan approche. Sous Saint-Gilles Croix de vie, on rejoint la côte, mais la mer reste invisible derrière les dunes.
Enfin,l'OCEAN à l'horizon.  Les vélos, plantés dans le sable, n'iront pas plus loin.

On se cale pour une petite soirée sur une plage déserte.  Vent frais, coucher de soleil spectaculaire et... soupe lyophilisée (avec une bière quand même, on n'est pas des sauvages)



Le monde est décidément petit!  Les ptits vélos dans la tête, avec qui j'avais voyagé l'été passé au Pérou, en Bolivie puis en Argentine, terminent actuellement leur voyage d'un an.  Nous avions renoncé à nous rencontrer car quelques jours devaient séparer nos chemins.  Notre changement d'itinéraire, le fait qu'ils soient 3 jours en avance sur leur programme et un ÉNORME hasard nous a fait choisir le même camping, le même soir et des emplacements côte à côte!!! (et on a failli se rater!).  "Y'a pas de hasard" me dit Enrique, depuis le début du voyage!  Je vais finir par le croire.

Yvan et Félix nous ont accompagné le lendemain en direction de Noirmoutier.  Bonne fin de voyage amigos!

Quant à nous, direction Noirmoutier.

Les marais salants de Noirmoutier

On en rêvait depuis deux jours : le Kouign amann, qui vient du breton Kouign (le cycliste, repéré par son bruit de pédalier) et amann (ami)

Vue du Camping de Noirmoutier côté recto.  Côté verso c'est caravanes et mamies en peignoir et pantoufles, je vous passe la photo.


Pour le retour sur le continent, ce sera le passage du Gois. 

C'est jour de grande marée, un samedi matin.  Autant dire qu'on était pas tout seuls.

Ouf, tout va bien :  je passe à l'ouest du point cardinal
Sur ce chemin privé, le véhicule prioritaire est : A L'éléphant - B : le vélo

Le retour se fera depuis Nantes en TER.  Nous profitons encore durant quelques 8 h de voyage de ce pays magnifique!!