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samedi 16 juillet 2022

Norvège 6 - les Lofoten

Le départ de Bodø se fait sous une pluie battante. 3h30 de Ferry... gratuit pour les vélos : aucun autre pays ne ferait ça. Une petite troupe piétinante de retraités français en voyage organisé attend  nerveusement près de la barrière le moment d'embarquer. Avant même que les voyageurs arrivants n'aient le temps de  sortir, les voilà qui se précipitent sur la rampe, pour se faire refouler aussitôt.  Petite pagaille. Sur le ferry, blindé, même scénario pour trouver une place, puis pour attendre l'ouverture des portes 25 minutes avant l'arrivée.  Petite honte, nous nous faisons discrèts.

L'arrivée à Moskenes,  bienvenue en Mordor



Et son campement d'orques et gobelins

Au vu des prévisions, 2 jours de pluie continue, nous décidons de nous tanquer dans le camping du Bled.  Au fur et à mesure de la journée et des ferrys, celui-ci se remplit.  Au soir ce ne sont pas moins de 50 tentes et 60 camping cars qui se partagent quelques sanitaires et deux misérables abris pour 6.   C'est clair, on choisit de rouler sous la pluie le lendemain et on shuntera Å, le village le plus au sud des Lofoten.
Le petit Village de Reines, qui doit sans doute être beau 

Druss a décidément forcé sur la jambe droite


C'est Bø

C'est encore Bø mais vu de l'autre côté du fjord

Parfois contourner un fjord nous prend une heure pour se retrouver à 2 km de notre point de départ. Dur.

On a bien fait de quitter le Mordor.  Ici il fait aussi mauvais, mais c'est plus aéré (et on n'a pas à jeter un anneau dans un volcan après tout)


Puis le temps se dégage et c'est épatant

Notre luxueux bivouac sur Gimsøya

Avec Druss on se lance dans des recettes dignes de Cyril Lignac : émincé de poulet et sa timballe de champignons à la crème 


Depuis le passage du cercle polaire arctique, le soleil ne se couche plus (enfin quand il y en a).  Ici, vers minuit et demie.


3 semaines quasiment depuis épisode de l'ascenseur. On a fait plus de 800 km  mais les douleurs sont toujours présentes pour Druss.  On décide d'une journée de repos au camping de Solvær.  

J'en profite pour réaliser une petite "sherpa trappa" . Depuis qu'un entrepreneur a eu l'idée d'inviter des sherpas népalais pour  construire un escaliers vers un sommet de sa ville, toute la Norvège veut le sien.  Il y en a maintenant plus de 300.  C'est pratique pour faire du sport, mais n'a pas grand chose à voir avec les chemins du Népal.  Les marches ici sont faites de pierres taillées industrielles de plusieurs tonnes amenées par hélicoptère.
Ce qui n'empêche pas de beaux points de vue sur Solvær



Le retour par un trappa normal est plus marrant.


Nous sommes actuellement dans les vesterålen (voir carte en haut à gauche du site sur PC), un peu moins touristiques (à moins que ce ne soit le brouillard qui nous masque les maisons sur roues).  Des news dès Tromsø.

vendredi 15 juillet 2022

Norvège- récit de Thierry B (dit Druss la légende)

Les articles de ce post sont anti-chronologiques

En vélo, le poids c'est l'ennemi

Comment alléger le poids des sacoches ?
C'est simple, il y a 2 jours j'ai fait la vaisselle dans un évier qui sert à évider les poissons : un gros trou d'évacuation, pas de siphon  pas de bouchon et une canalisation qui descend directement dans le sol. Il suffit ensuite de poser une assiette en équilibre sur le bord de l'évier avec les couverts dans l'assiette puis de trouver le maladroit (c'est moi) qui fera tomber l'assiette. Bilan : un couteau suisse, 2 fourchettes et une cuillère en moins.
Ça c'est fait, on est plus léger et on se pose moins de questions pour cuisiner.

La prochaine fois  je m'occupe du linge. Avec un programme adapté (genre 90 degrés), je devrais réduire significativement la taille des T-shirt et des caleçons et gagner de la place.

Tubes de Norvège

Au moment des repas, il y a toujours un tube (sucré ou salé) qui fait chanter nos papilles. Un échantillon ci-dessous


Sauras-tu trouver l'intrus ? 


François Pignon passe une vitesse

Vico l'a dit, ça va beaucoup mieux. Quant à ses histoires de toilettes, aller à la selle quand on peut difficilement s'asseoir ça prend du temps : le paradoxe du cycliste ?

Dans une semaine ça va chier (dsl 😞)

La vie de cocagne

Depuis ma tentative d'accès au bifrost, Vico et moi nous nous sommes reparti équitablement les tâches : Vico fait tout et moi rien.
Il me soutient moralement, il transporte dans ses sacoches tous le matos en commun + la nourriture, il monte et démonte la tente, plie et déplie mon sac de couchage et mon matelas de sol, fait les courses, prépare les repas, gère l'itinéraire ...

Quand j'aurai retrouver la forme, je me demande si je vais le dire à Vico 😀.

Vico !  Quand est ce qu'on mange ? 

Rocky Balboa a repris l'entraînement

A la recherche d'un quartier de viande en guise de sac de frappe (pour les cinéphiles avertis qui privilégient le cinéma d'auteur 😉) Rocky s'est entraîné sur ma cuisse. Des belles couleurs sont apparues : toutes les nuances du violet assorties à du bleu et du jaune.
Après 2 jours de repos forcé, nous sommes reparti progressivement pour 4 jours de bivouacs et environ 200 km jusqu'à Namsos (lieu de ce post). On ne va pas se mentir, je n'ai pas vraiment regardé le paysage : quand on peut difficilement s'asseoir, qu'il faut 5 minutes pour mettre ses chaussettes et lacer ses chaussures, qu'on ne peut pas ramasser la savonnette qui vient de tomber :-) je me suis principalement concentré sur la gestion de la douleur. Pour pédaler il faut accepter d'avoir une position ridicule et surtout, en montée, de reporter tous les efforts sur la jambe gauche, voire de pousser le vélo (c'est rare, question de fierté 😀).
Le côté positif de pédaler tous les jours c'est que ça accélère la récupération. J'ai retrouvé un peu de mobilité et un peu de force dans la jambe droite.
Ça passe ou ça casse... pour le moment ça passe

Ascenseur vers les étoiles

Vico l'a décrit succinctement : "c'est l'histoire d'un mec qui prend l'unique ascenseur à vélo d'Europe et Paf ... malaise vagal, un petit tour aux urgences et déchirure interne de la cuisse droite. " c'est trop nul !
Je vais vous raconter la vraie histoire et solliciter vos connaissances sur la mythologie norvégienne.
Depuis des siècles, Trondheim (le lieu de l'accident) est une ville particulièrement prisée par les dieux d'Asgard qui veulent s'encanailler avec les mortels sur Mitgard. C'est la raison pour laquelle à l'emplacement de l'ascenseur à Vélo il y a aussi un accès au bifrost pour le retour des dieux sur Asgard. Évidemment, ce second mode de déplacement n'est pas accessible aux simples mortels. Mais pour une raison que j'ignore : Loki voulait-il se marrer ? Heimdall, le gardien du bifrost, avait-il fermé les yeux ? Quoiqu'il en soit, c'est ce mode que j'ai expérimenté malgré moi. J'ai donc été aspiré par le bifrost et j'ai clairement entendu le message suivant "identité inconnue, accès refusé ". Éjecté du bifrost, je suis retombé sur Mitgard en position de grand écart latéral... la suite on la connaît.
Vico n'est pas vraiment convaincu par ma version mais j'ai encore un mois et demi pour le persuader 😂

Vico en action... Il se débrouille comme un Dieu 

Le cuissard au placard !

Après 10 jours de galère avec mon cuissard, j'ai enfin compris comment le mettre. Je l'ai mis bien à plat au fond d'une sacoche et les problèmes ont disparu ... Un cuissard à 100 boules qui en martyrise 2, c'est ballot !

Premier retour d'expérience 

Seulement 5 jours sur les 60 prévus et déjà le changement s'opère. Le stress du quotidien s'évacue peu à peu et l'esprit s'apaise. Le corps prend le relai et s'impose : quand est-ce que l'on mange ? quand est-ce que l'on se repose ? pourquoi tu mets un caleçon sous ton cuissard alors que ça me comprime ? Côté couple, avec Thierry que je nommerai Vico pour le confort du lecteur, tout se passe bien ... il ne ronfle pas, il est très pro, très organisé et toujours enthousiaste. En 5 jours et environ 260 km, nous avons déjà eu un petit aperçu des somptueux paysages de Norvège et des nombreuses alternances pluie-soleil. En ce qui concerne la nuit, on ne l'a toujours pas aperçu... c'est le mois de la marmotte 😀. Aujourd'hui, c'est l'étape de repos (20 km), le camping avec du réseau et du Wi-Fi : on n'échappe pas au monde connecté !


vendredi 8 juillet 2022

Norvège 5 - le Nordland (de Levang à Bodø)

La veille, on avait décortiqué les tableaux d'horaires ésotériques du ferry pour Nesna. A 8h on était fin prêts et on s'était mis en route dans la foulée, suivis de près par Kertsin, une allemande que nous croisons depuis quelques jours. Bad luck, le ferry partait à 11h.  A l'embarquement la troupe s'était encore enrichie de Rob néerlandais, d'une norvégienne à la retraite, et d'un italien. 
Déjà la journée commençait bien 

Le temps était au beau 

Et les paysages somptueux 

A Nesna deux options: 70 bornes pour se faire toute la longueur du fjord et se retrouver à 10 km à vol d'oiseau du départ, ou... prendre un ferry. La décision fut rapide. Un ferry oui mais lequel.  Entre les hurtigbåtkai et les ferjekai (qui ne partent pas du même endroit),  se réservent ou non, sur des sites différents, sont payants ou non,  la troupe y perd son scandinave, chacun tapotant frénétiquement son smartphone, échangeant les trouvailles. Finalement ce sont deux ferries ultra rapides (plus de 60km/h) qui nous amènent en quelques minutes à Onøy (Ôôôneuillle) puis Stokkvågen (stkkkke voooguen). 
 

Suivi de 25 km de bonheur. 

Cette partie de la côte est vraiment incroyable 

Et très peu touristique 


Enchaînant des tunnels dont un de 3,5 km, sous cette montagne 

Je vous épargne les 198 000 autres photos de la journée. Désolé pour ceux qui n'aiment pas les montagnes.  J'ai pas trouvé de palmiers 


Un ferry obligatoire nous fait entrer dans le cercle polaire arctique (c'est là juste derrière nous) 

le temps s'est temporairement dégradé

Pour repasser au beau par la suite 

Paramount Picture is proud to présent 

A Norway's journey 



Un dernier ferry quasi vide nous amène à Furøy.

Où nous arrivons vers 22 h, dans un camping avec vue quand il fait beau (donc sans vue), sur le glacier svartisen


Nous passerons à la caisse les trois jours suivants pour payer cette journée fantastique, en rejoignant Bodø par la nationale, sous le froid et la pluie. 


Druss en action 



A kjellingstraumen, en cherchant un coin au sec, on tombe sur Ali, l'intendant d'un camping, qu'il a mis à son goût :  L'intérieur des hyttes sont un mélange oriental-norvégien (arménien?) des plus étrange (voir la photo plus bas).  Sans nous laisser en placer une, il nous fait passer en revue des cabanes toujours plus confortables en baissant le prix tout seul à chaque fin de phrase.  On l'a arrêté au moment où il sortait son portefeuille de sa poche. D'une incroyable gentillesse, il nous propose de nous ramener des pâtes (on est à sec) de ses courses, puis comme il a oublié nous donne un kg de riz, des rösti suisses de chez migro (!?) passés depuis un an et demi (on est joueurs), et de la bière. 

Remarquez le tableau de gauche 😂




L'arrivée dans une grande ville en vélo est toujours une expérience décevante, Bodø ne laissera pas un grand souvenir. Seul truc intéressant, c'est le bar "en rooftop" du scandic hôtel (merci Erik), qui gagnerait certainement en chaleur s'il était redécoré par Ali !

Nous sommes depuis hier dans les lofoten,  3ème partie du voyage que je vous conterai bientôt.