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lundi 17 juillet 2023

Dijon - Brest

Y a quoi dans le centre de la France ? Entre l'Yonne, l'Eure-et-Loir, l'Indre-et-Loire et le Loir-et-Cher? La question me taraude.  Sur la carte de mes bivouac à vélo, y a un trou, non, une bande horizontale, vide. Et des noms évocateurs : Morvan, Sologne,...  Allons donc voir.

Louis m'accompagne cette année.  Bon cycliste et récent voyageur à vélo.  J'en profite pour allonger quelques peu les étapes. Pas d'inquiétude pour lui, mais tiendrai-je la moyenne de 100km par jour, pour rallier la pointe du Raz depuis Dijon ? 

Rendez-vous matutinal à la gare de Grenoble pour un habituel exercice de levé de vélo chargé dans ces maudits ascenseurs.   11h, on quitte Dijon, après quelques courses, histoire de charger un peu le Louis qui caracole sur son vélo aux couleurs de la Belgique (quelle gentille attention). 


Canaux ou collines ? deux choix pour atteindre le cœur du Morvan.  On choisit les canaux  Mauvaise pioche : c'est toujours aussi chiant, mais faut pas trainer, on a 350 km pour atteindre Orléans dans 3 jours et une première étape chez Claire.

43 écluses (montantes) plus tard, on croise notre premier château de Chateauneuf.

Les forces de Louis baissent.  Il faut préciser qu'il a dormi deux heures la veille, jour de la fête de la musique oblige.  Car le gaillard a une caractéristique : il prolonge toute activité qu'il aime jusqu'à épuisement (il est capable de se réveiller fatigué d'avoir trop dormi).   Le concertina faisant partie de ses activités préférées, il a joué jusqu'à 3h du mat.

On se pose donc entre deux balles de paille, sous quelques pluies éparses.

Il faut maintenant rattraper la courte étape d'hier en traversant d'une traite le magnifique Morvan écrasé de soleil. Cette fois, c'est moi qui déclare forfait à 20h30, au bout de 130 km.  Louis, lui ira retrouver Charlotte à qui on avait donné un rdv bivouac un peu foireux.

Je me pose donc seul pour un bivouac bucolique

Orléans est encore distant de 135km.  J'ai donné rendez-vous à Claire vers 18h pour qu'elle nous retrouve sur le chemin.  Échaudé (le terme exact) par l'étape de de la veille, je pars tôt mais trépigne au bout de quelques km, dans un petit bled, en attendant Louis et Charlotte qui n'arrivent pas.  A 11h30, je pars seul.  Ils me rattraperont ou prendront le train. 

L'étape se révélera décevante. Quelques belles villes ou portions ombragées, mais surtout de très longs passages sur digue, sans ombre. Aucun regret de ne pas suivre plus longtemps l'Eurovelo 6.

Ma peau commence à prendre la belle couleur d'un homard. Je recherche vainement de la crème solaire.  Elle est dans la sacoche de Louis, sacoche qui est restée logiquement... sur le vélo de Louis.  Une vieille cycliste hollandaise à qui j'en demande un peu, me sort un smartphone et me montre le chemin le plus court pour un supermarché.  No comment.

Mais fin d'étape sympathique en compagnie de Claire: Petit bain de jambes, traversée de ville, ratatouille et crêpes, merci pour cette soirée Claire!  (Charlotte et Louis ont effectivement pris le train) 

Au petit matin, je pose la bouilloire électrique sur la plaque vitrocéramique pour me faire un café. On devrait toujours limiter ses activités cérébrales avant le café.

Journée caniculaire attendue.  Cette fois on part tôt (après avoir gratté la plaque et jeté la bouilloire à la poubelle).  Les 50 premiers km sont avalés avant midi.  Le Loir nous tend son bras.  Il n'en a qu'un à cet endroit, plus petit mais plus joli que celui de la Loire.  Farniente, musique et baignades parmi d'étranges pêcheurs en bateau sur pattes.

Louis en profite pour régler au mm son vélo, dont le guidon tuné combine cornes, poignées renforcées, et barre d'ultra trail. 

Une copine de Jannie Longo à qui nous demandons de l'eau, nous annonce que lors des championnats de France de ce jour seuls 23 coureurs cyclistes sur 141 ont atteint l'arrivée... Nous on a bien profité cette fois.

Bivouac dans le château de la Gaudinière, perdu au milieu d'une immense foret.  Pas de douche, de banquets ou de serveurs en livrée cependant, juste quelques fantômes, le château étant en ruine. 


Quelques Gnomes y vivent encore


 
Le contraste est saisissant avec le faste d'origine

Suivent deux petites journées sur le même rythme.  On se spécialise en chant d'oiseau à l'aide de l'app  birdnet.  Louis envisage une étude sur le dialecte régional des pouillots véloces qui diffère fortement entre le Morvan et la Bretagne.

Un petit coup de train pour nous déporter vers le nord et rejoindre d'abord Camille et Pierre à Rennes pour une soirée barbeuc,et musique irlandaise (car on a pris nos instruments!)...

...suivi d'un petit plouf  à la plage de saint-lunaire, forcément déserte...

ok le parasol était optionnel.  Je suis toujours trop optimiste

... un arrêt vers Redon, chez chez Pierre et Lucille pour... une chouette session irlandaise... et enfin un petit déj gargantuesque chez Ronan à Saint-Laurent-sur-ouste.  On repart bien en forme pour la dernière étape du voyage, après un dernier saut en train pour se rapprocher de Quimper.  On descend près de Penmarch pour ensuite suivre la magnifique côte de la baie d'Audierne


le temps vire dès le matin : crachin continu toute la journée et petit vent de face. 


Notre moyenne s'en ressent, mais on s'en fout,


La plage de Gwendrez. On force.



C'est toujours sympa cette impression d'arriver au bout du monde.

 

Pour notre dernier bivouac on se plante à la pointe du Millier, sur les conseils d'un sympathique mais très bavard employé de la maison de la pointe du raz.  Le temps est toujours maussade et le vent s'est quelque peu levé.   La recherche d'un lieu s'avère assez laborieuse : pas moyen de s'abriter du vent.   On trouvera finalement un bel endroit, à deux encablures du phare.


Le phare du Millier

on rejoint Brest le lendemain via la plage de Treguer...

...et la navette du Fret

Après avoir écarté les plans les plus farfelus de Louis qui ne veut pas perdre une miette du voyage (une soirée sur Ouessant, suivi d'une session vers Plouguerneau, dimanche après midi, à 30km de Brest tout de même), on se distrait le dernier jour, en tentant un bout de sentier côtier vers le phare du Portzic.  Le chemin serpente entre les falaises et les terrains militaires.  Pas terrible.    Cotation : MHF (Mike Horn Facile)

Le train Brest-Paris sera long (surtout sans le Paris-Brest qu'on s'était mis en tête de rechercher dans toutes les boulangeries de Brest).  Retour sur Grenoble par le train du lundi matin 6h, bercé par le cliquetis frénétique des claviers et le ronronnement ennuyeux des conversations professionnelles.  Encore une belle tranche de cyclo cette année!!

mardi 2 août 2022

Norvège 9 - Nordkap



Comment arriver au Cap par beau temps ?  Pas gagné.  Après compilation des prévisions de 32 sites météo, consultation des sites de voyance astrowi.com et spiritualite.com, et intégration des informations des sites complotistes sur les chemtrails, nos calculs nous donnent un créneau pour dimanche matin (dans 3 jours).  Compte tenu de l'étape "rinçage et essorage 1200 t/m" d'hier, on se pose dans le camping de Olderfjord après un court trajet. 

Le lendemain (vendredi) le créneau s'est déplacé au samedi. Damned, va falloir accélérer.  On prévoyait initialement de bivouaquer peu avant le fameux tunnel du cap nord que bon nombre de cyclistes dont nos amis hollandais, évitent en prenant une étape de hurtigruten, et de l'emprunter tôt le matin.  Sa description a de quoi effrayer un peu : 6,7 km de long, s'enfonce de 212 m sous le niveau de la mer, présente un dénivelé de 230 m, à 9%, une atmosphère saturée d'humidité et de gazole, un éclairage faible et un vacarme de dingue quand les camions vous frôlent en vous dépassant.  On est pas loin de l'ambiance d'une boîte de nuit marseillaise, la température en moins.  Bref on se prépare mentalement. 


Mais finalement la journée s’avérera être une des plus belles du voyage. 

Déjà, nos amis les rennes sont partout

La route est sublime

Le cap est à moins de 100km

Plus un petit vent dans le dos et une température clémente : On rêve. 

avis aux complotistes de chemtrail : les deux petits points en haut à droite ne sont pas des ovnis, mais de la poussière sur mon objectif.

Visite de nos amis  lors de notre pause déjeuner. 




Ces 70 premiers km étaient tellement magiques qu'on a même pas pensé au bivouac et nous voici devant le tunnel.  Un seul regard avec Druss et tous nos plans initiaux s'évaporent :  On va se le faire ce tunnel.... et tout de suite encore. 


Et finalement, c'était plutôt easy ! 


Tellement, qu'on décide de tirer jusqu'au cap direct bien qu'en principe c'est déjà une étape en soi.







Dernière côte avant l'arrivée

La première chose qui frappe quand on arrive enfin au but, c'est la barre HLM de camping-car  impénétrable et son cortège de papy en peignoir et chaussons qui regardent le soleil depuis le pas de leur porte,  en secouant leur paillasson (on a remarqué que c'était important,le paillasson).



Il faut dire que c'est le dernier jour de l'année où le soleil ne se couchera pas

Et que le spectacle est quand même exceptionnel !


Après cette très longue étape, on ne boude pas notre plaisir d'avoir atteint le bout du voyage (avec 10 j d'avance finalement)


Le lendemain, je profite d'un micro instant sans foule pour faire la photo habituelle.


En route vers Honningsvåg :  On a bien fait de forcer l'allure,  la météo a à nouveau bien changé et la prochaine fenêtre de jour continu est prévue... pour l'été prochain. 

    
Retour à Tromsø par le hurtigruten.  Ces voleurs nous ont soutiré 120 € de plus pour acheter un nouveau billet, car  on ne peut  changer une réservation.  Druss se fera un devoir de vider méthodiquement tous les thermos de café du bord pour se rembourser et je crois qu'il y est arrivé.  

Pour le reste on s'y est un peu embêtés, après nos deux mois de liberté et on a donc  fait comme tout le monde :  quelques photos beaucoup d'internet.  Puis on s'est quand même un peu distingués en sortant moult victuailles à moitié avariées de nos gros sacs de supermarché troués : de quoi se faire des tonnes de sandwich.



Retour à Tromso : Les vélos transformés en 38T pour transporter nos cartons depuis chez Ruth.  Nous sommes accueillis par Burger, gardien du tromso hostel.
 

Ce dernier jour est consacré au remballage  pour le vol de demain.   Pas facile avec le petit mal de cheveux hérité de la veille suite à notre passage au Vinmonopolet.

Fin de ce voyage "all exclusive" comme dit Druss (peu de resto, de bars et d'activités autres que le vélo où la rando).   Je retiendrai de la Norvège que c'est un pays somptueux, mais tout en retenue. Pour ma part, il y manque tout de même un peu de l'exubérance des peuples latins.