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jeudi 28 juillet 2022

Norvège 8 - les Alpes de Lyngen (de Tromsø à Skaidi)

Nous quittons le confort du coco appartement - sorte de grosse coloc sympa, ou tout le monde profite des odeurs de cuisine des autres (et à ce jeu là on a gagné avec notre saumon aux oignons) - en direction des Alpes de Lyngen.  C'est un petit massif montagneux au caractère très alpin, sauf que les montagnes y terminent dans la mer.
  

Sur les sites internet il y fait toujours beau, mais même avec ce temps c'est assez grandiose.


Les norvégiens adoorent les grillades et, après avoir tondu leurs pelouses, ils se réfugient dans des espèces de cabanes octogonales construites autour du feu.  Très agréable.



Au col de kvænangstfjellet

En cherchant un bivouac ce soir là, j'ai frappé à la porte de Gunn Nilsen, une dame incroyablement accueillante malgré son nom.  Elle nous a laissé nous installer près de son Rorbu (cf  épisodes précédants) et est venue taper la discute avec deux chaises, des bières, des chips et du bois pour le feu.  Elle nous a raconté la dureté de la vie en Norvège dans l'après guerre, car les allemands, avant de se replier avaient brûlé toutes les constructions du fjord, forçant les habitants à construire des abris de fortune pour y passer l'hiver. 

Et il avait du charme ce Rorbu


On commençait à douter que le pays ait une faune (mis à part les mouettes et les "kivit kivit"). Et bien si ! 

Finalement on ne sait pas ce qui est le plus rare, saisir un renne ou une voiture de marque française (quasi inexistantes ici). Remarquez que les norvégiens mettent aussi le clignotant pour les rennes.  Ils sont courtois on vous dit.

Les essais architecturaux norvégiens sont parfois surprenants. J'ai l'impression très désagréable, face à cette northern light cathedral, d'être une araignée face à un balais d'aspirateur géant

Les norvégiens ont inventé une panoplie de termes pour toutes les sortes de pluie. "Yr" par exemple est un espèce de crachin très fin qui mouille et qui sèche en même temps. Le problème c'est que le temps de s'apercevoir que ce n'est plus du Yr, vous êtes trempé. 

Les chemins se raréfient dans le grand nord. Et certaines étapes obligatoires peuvent être indigestes.  C'est le cas de celle du jour, alta-skaidi,  80 km par pluie et vent de face sans un seul abris.   Or, pas d'abris, pas de pause. Pas de pause, pas de pause.  C'est long. 

Druss à quand même trouvé le courage de faire une photo, moi pas. 

Il paraît que c'est une méthode  très efficace pour adoucir la peau, enfin celle qui reste au bout de quatre heure.
 
 Bon, si tout va bien,  dernier épisode dans quelques jours.   Ha det bra ! 

vendredi 22 juillet 2022

Norvège 7 - le Vesterålen et Tromsø

Dans la continuité des Lofoten, il y a les moins connues Vesterålen, un ensemble d'îles un peu moins montagneuses, encore un peu moins peuplées.  Seule constante, vous avez deviné j'espère, le temps.
Sauf ce jour là. On ne dirait pas mais il faisait beau  


Pour trouver un bivouac, des fois c'est pas simple. Le "allemansrette" pourtant autorise quiconque en Norvège à planter sa tente où il veut à condition d'être à plus de 150 m d'une habitation et bien sûr en respectant quelques petites règles de base telles que ne pas y faire une rave party toute la nuit. En pratique, lorsque qu'on demande la permission à un fermier pour se poser dans son champ,  il a souvent subitement besoin d'y faire paître ses vaches dès 6h le lendemain.

Cette fois-ci pourtant celui-ci nous indiquera un accès à une plage publique bien sympa, qui nous permettra une première baignade ... dans une eau entre 7 et 10°.

Le lendemain, après 78 bornes sous la flotte, on se met, comme tout mammifère non pourvu de nageoires, à l'abris  des éléments déchaînés. Certains en profitent même pour s'installer leur home vidéo.

Mais on avance vaille que vaille 


On quitte Andenes sur un chouette Ferry 

Le skoghus center.  Cosy.  Unique lecture autorisée, la Bible qu'on trouve en toutes les langues.  J'ai eu quelques craintes que la patronne ne nous excommunie à la vue de nos bières (alcool interdit)



Depuis le pont qui mène à l'île de Sommarøy.


On repère par satellite la superbe plage sandviksletta. Mais zut, les renseignements étrangers y ont eu accès aussi : Il y aura finalement une dizaine de tentes ce soir là. L'occasion pour Druss de discuter avec un préparateur sportif belgo-canadien qui, avec sa femme, a démarré en vélo deux mois avant nous... mais du Portugal.😱

Le gars lui a conseillé de faire rouler la zone de la blessure sur un objet rond pour vasculariser : une canette de bière pleine et fraîche ça marche bien d'après Druss.

Oui on a cadré un peu la photo il y avait un peu de monde.


Et nous voilà enfin à Tromsø. Une ville bien plus vivante que Bodø.  


On atterrit chez Ruth, marathonienne allemande d'une gentillesse incroyable qui vit dans la banlieue de la ville avec son chien Civo (Kiiivooo), la prunelle de ses yeux.   Je comprends vite en voyant le chien gambader dehors au petit matin, alors qu'elle est partie travailler, que l'affaire risque d'être grave.  Impossible de ramener le clébard à la maison, malgré la tranche de jambon cru achetée au prix du zirconium que je lui balance sous le museau.  Au bout de vaines tentatives le voilà même qui disparaît.  On a dû rameute le quartier et Ruth pour finalement le retrouver.   

Demain départ de la dernière étape de ce voyage, le nordkap.  Il ne reste que 600 km mais aucun arbre pour freiner le vent.  Et il faudra passer le tunnel de l'enfer....

samedi 16 juillet 2022

Norvège 6 - les Lofoten

Le départ de Bodø se fait sous une pluie battante. 3h30 de Ferry... gratuit pour les vélos : aucun autre pays ne ferait ça. Une petite troupe piétinante de retraités français en voyage organisé attend  nerveusement près de la barrière le moment d'embarquer. Avant même que les voyageurs arrivants n'aient le temps de  sortir, les voilà qui se précipitent sur la rampe, pour se faire refouler aussitôt.  Petite pagaille. Sur le ferry, blindé, même scénario pour trouver une place, puis pour attendre l'ouverture des portes 25 minutes avant l'arrivée.  Petite honte, nous nous faisons discrèts.

L'arrivée à Moskenes,  bienvenue en Mordor



Et son campement d'orques et gobelins

Au vu des prévisions, 2 jours de pluie continue, nous décidons de nous tanquer dans le camping du Bled.  Au fur et à mesure de la journée et des ferrys, celui-ci se remplit.  Au soir ce ne sont pas moins de 50 tentes et 60 camping cars qui se partagent quelques sanitaires et deux misérables abris pour 6.   C'est clair, on choisit de rouler sous la pluie le lendemain et on shuntera Å, le village le plus au sud des Lofoten.
Le petit Village de Reines, qui doit sans doute être beau 

Druss a décidément forcé sur la jambe droite


C'est Bø

C'est encore Bø mais vu de l'autre côté du fjord

Parfois contourner un fjord nous prend une heure pour se retrouver à 2 km de notre point de départ. Dur.

On a bien fait de quitter le Mordor.  Ici il fait aussi mauvais, mais c'est plus aéré (et on n'a pas à jeter un anneau dans un volcan après tout)


Puis le temps se dégage et c'est épatant

Notre luxueux bivouac sur Gimsøya

Avec Druss on se lance dans des recettes dignes de Cyril Lignac : émincé de poulet et sa timballe de champignons à la crème 


Depuis le passage du cercle polaire arctique, le soleil ne se couche plus (enfin quand il y en a).  Ici, vers minuit et demie.


3 semaines quasiment depuis épisode de l'ascenseur. On a fait plus de 800 km  mais les douleurs sont toujours présentes pour Druss.  On décide d'une journée de repos au camping de Solvær.  

J'en profite pour réaliser une petite "sherpa trappa" . Depuis qu'un entrepreneur a eu l'idée d'inviter des sherpas népalais pour  construire un escaliers vers un sommet de sa ville, toute la Norvège veut le sien.  Il y en a maintenant plus de 300.  C'est pratique pour faire du sport, mais n'a pas grand chose à voir avec les chemins du Népal.  Les marches ici sont faites de pierres taillées industrielles de plusieurs tonnes amenées par hélicoptère.
Ce qui n'empêche pas de beaux points de vue sur Solvær



Le retour par un trappa normal est plus marrant.


Nous sommes actuellement dans les vesterålen (voir carte en haut à gauche du site sur PC), un peu moins touristiques (à moins que ce ne soit le brouillard qui nous masque les maisons sur roues).  Des news dès Tromsø.

vendredi 15 juillet 2022

Norvège- récit de Thierry B (dit Druss la légende)

Les articles de ce post sont anti-chronologiques

En vélo, le poids c'est l'ennemi

Comment alléger le poids des sacoches ?
C'est simple, il y a 2 jours j'ai fait la vaisselle dans un évier qui sert à évider les poissons : un gros trou d'évacuation, pas de siphon  pas de bouchon et une canalisation qui descend directement dans le sol. Il suffit ensuite de poser une assiette en équilibre sur le bord de l'évier avec les couverts dans l'assiette puis de trouver le maladroit (c'est moi) qui fera tomber l'assiette. Bilan : un couteau suisse, 2 fourchettes et une cuillère en moins.
Ça c'est fait, on est plus léger et on se pose moins de questions pour cuisiner.

La prochaine fois  je m'occupe du linge. Avec un programme adapté (genre 90 degrés), je devrais réduire significativement la taille des T-shirt et des caleçons et gagner de la place.

Tubes de Norvège

Au moment des repas, il y a toujours un tube (sucré ou salé) qui fait chanter nos papilles. Un échantillon ci-dessous


Sauras-tu trouver l'intrus ? 


François Pignon passe une vitesse

Vico l'a dit, ça va beaucoup mieux. Quant à ses histoires de toilettes, aller à la selle quand on peut difficilement s'asseoir ça prend du temps : le paradoxe du cycliste ?

Dans une semaine ça va chier (dsl 😞)

La vie de cocagne

Depuis ma tentative d'accès au bifrost, Vico et moi nous nous sommes reparti équitablement les tâches : Vico fait tout et moi rien.
Il me soutient moralement, il transporte dans ses sacoches tous le matos en commun + la nourriture, il monte et démonte la tente, plie et déplie mon sac de couchage et mon matelas de sol, fait les courses, prépare les repas, gère l'itinéraire ...

Quand j'aurai retrouver la forme, je me demande si je vais le dire à Vico 😀.

Vico !  Quand est ce qu'on mange ? 

Rocky Balboa a repris l'entraînement

A la recherche d'un quartier de viande en guise de sac de frappe (pour les cinéphiles avertis qui privilégient le cinéma d'auteur 😉) Rocky s'est entraîné sur ma cuisse. Des belles couleurs sont apparues : toutes les nuances du violet assorties à du bleu et du jaune.
Après 2 jours de repos forcé, nous sommes reparti progressivement pour 4 jours de bivouacs et environ 200 km jusqu'à Namsos (lieu de ce post). On ne va pas se mentir, je n'ai pas vraiment regardé le paysage : quand on peut difficilement s'asseoir, qu'il faut 5 minutes pour mettre ses chaussettes et lacer ses chaussures, qu'on ne peut pas ramasser la savonnette qui vient de tomber :-) je me suis principalement concentré sur la gestion de la douleur. Pour pédaler il faut accepter d'avoir une position ridicule et surtout, en montée, de reporter tous les efforts sur la jambe gauche, voire de pousser le vélo (c'est rare, question de fierté 😀).
Le côté positif de pédaler tous les jours c'est que ça accélère la récupération. J'ai retrouvé un peu de mobilité et un peu de force dans la jambe droite.
Ça passe ou ça casse... pour le moment ça passe

Ascenseur vers les étoiles

Vico l'a décrit succinctement : "c'est l'histoire d'un mec qui prend l'unique ascenseur à vélo d'Europe et Paf ... malaise vagal, un petit tour aux urgences et déchirure interne de la cuisse droite. " c'est trop nul !
Je vais vous raconter la vraie histoire et solliciter vos connaissances sur la mythologie norvégienne.
Depuis des siècles, Trondheim (le lieu de l'accident) est une ville particulièrement prisée par les dieux d'Asgard qui veulent s'encanailler avec les mortels sur Mitgard. C'est la raison pour laquelle à l'emplacement de l'ascenseur à Vélo il y a aussi un accès au bifrost pour le retour des dieux sur Asgard. Évidemment, ce second mode de déplacement n'est pas accessible aux simples mortels. Mais pour une raison que j'ignore : Loki voulait-il se marrer ? Heimdall, le gardien du bifrost, avait-il fermé les yeux ? Quoiqu'il en soit, c'est ce mode que j'ai expérimenté malgré moi. J'ai donc été aspiré par le bifrost et j'ai clairement entendu le message suivant "identité inconnue, accès refusé ". Éjecté du bifrost, je suis retombé sur Mitgard en position de grand écart latéral... la suite on la connaît.
Vico n'est pas vraiment convaincu par ma version mais j'ai encore un mois et demi pour le persuader 😂

Vico en action... Il se débrouille comme un Dieu 

Le cuissard au placard !

Après 10 jours de galère avec mon cuissard, j'ai enfin compris comment le mettre. Je l'ai mis bien à plat au fond d'une sacoche et les problèmes ont disparu ... Un cuissard à 100 boules qui en martyrise 2, c'est ballot !

Premier retour d'expérience 

Seulement 5 jours sur les 60 prévus et déjà le changement s'opère. Le stress du quotidien s'évacue peu à peu et l'esprit s'apaise. Le corps prend le relai et s'impose : quand est-ce que l'on mange ? quand est-ce que l'on se repose ? pourquoi tu mets un caleçon sous ton cuissard alors que ça me comprime ? Côté couple, avec Thierry que je nommerai Vico pour le confort du lecteur, tout se passe bien ... il ne ronfle pas, il est très pro, très organisé et toujours enthousiaste. En 5 jours et environ 260 km, nous avons déjà eu un petit aperçu des somptueux paysages de Norvège et des nombreuses alternances pluie-soleil. En ce qui concerne la nuit, on ne l'a toujours pas aperçu... c'est le mois de la marmotte 😀. Aujourd'hui, c'est l'étape de repos (20 km), le camping avec du réseau et du Wi-Fi : on n'échappe pas au monde connecté !