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mardi 2 août 2022

Norvège 9 - Nordkap



Comment arriver au Cap par beau temps ?  Pas gagné.  Après compilation des prévisions de 32 sites météo, consultation des sites de voyance astrowi.com et spiritualite.com, et intégration des informations des sites complotistes sur les chemtrails, nos calculs nous donnent un créneau pour dimanche matin (dans 3 jours).  Compte tenu de l'étape "rinçage et essorage 1200 t/m" d'hier, on se pose dans le camping de Olderfjord après un court trajet. 

Le lendemain (vendredi) le créneau s'est déplacé au samedi. Damned, va falloir accélérer.  On prévoyait initialement de bivouaquer peu avant le fameux tunnel du cap nord que bon nombre de cyclistes dont nos amis hollandais, évitent en prenant une étape de hurtigruten, et de l'emprunter tôt le matin.  Sa description a de quoi effrayer un peu : 6,7 km de long, s'enfonce de 212 m sous le niveau de la mer, présente un dénivelé de 230 m, à 9%, une atmosphère saturée d'humidité et de gazole, un éclairage faible et un vacarme de dingue quand les camions vous frôlent en vous dépassant.  On est pas loin de l'ambiance d'une boîte de nuit marseillaise, la température en moins.  Bref on se prépare mentalement. 


Mais finalement la journée s’avérera être une des plus belles du voyage. 

Déjà, nos amis les rennes sont partout

La route est sublime

Le cap est à moins de 100km

Plus un petit vent dans le dos et une température clémente : On rêve. 

avis aux complotistes de chemtrail : les deux petits points en haut à droite ne sont pas des ovnis, mais de la poussière sur mon objectif.

Visite de nos amis  lors de notre pause déjeuner. 




Ces 70 premiers km étaient tellement magiques qu'on a même pas pensé au bivouac et nous voici devant le tunnel.  Un seul regard avec Druss et tous nos plans initiaux s'évaporent :  On va se le faire ce tunnel.... et tout de suite encore. 


Et finalement, c'était plutôt easy ! 


Tellement, qu'on décide de tirer jusqu'au cap direct bien qu'en principe c'est déjà une étape en soi.







Dernière côte avant l'arrivée

La première chose qui frappe quand on arrive enfin au but, c'est la barre HLM de camping-car  impénétrable et son cortège de papy en peignoir et chaussons qui regardent le soleil depuis le pas de leur porte,  en secouant leur paillasson (on a remarqué que c'était important,le paillasson).



Il faut dire que c'est le dernier jour de l'année où le soleil ne se couchera pas

Et que le spectacle est quand même exceptionnel !


Après cette très longue étape, on ne boude pas notre plaisir d'avoir atteint le bout du voyage (avec 10 j d'avance finalement)


Le lendemain, je profite d'un micro instant sans foule pour faire la photo habituelle.


En route vers Honningsvåg :  On a bien fait de forcer l'allure,  la météo a à nouveau bien changé et la prochaine fenêtre de jour continu est prévue... pour l'été prochain. 

    
Retour à Tromsø par le hurtigruten.  Ces voleurs nous ont soutiré 120 € de plus pour acheter un nouveau billet, car  on ne peut  changer une réservation.  Druss se fera un devoir de vider méthodiquement tous les thermos de café du bord pour se rembourser et je crois qu'il y est arrivé.  

Pour le reste on s'y est un peu embêtés, après nos deux mois de liberté et on a donc  fait comme tout le monde :  quelques photos beaucoup d'internet.  Puis on s'est quand même un peu distingués en sortant moult victuailles à moitié avariées de nos gros sacs de supermarché troués : de quoi se faire des tonnes de sandwich.



Retour à Tromso : Les vélos transformés en 38T pour transporter nos cartons depuis chez Ruth.  Nous sommes accueillis par Burger, gardien du tromso hostel.
 

Ce dernier jour est consacré au remballage  pour le vol de demain.   Pas facile avec le petit mal de cheveux hérité de la veille suite à notre passage au Vinmonopolet.

Fin de ce voyage "all exclusive" comme dit Druss (peu de resto, de bars et d'activités autres que le vélo où la rando).   Je retiendrai de la Norvège que c'est un pays somptueux, mais tout en retenue. Pour ma part, il y manque tout de même un peu de l'exubérance des peuples latins.



jeudi 28 juillet 2022

Norvège 8 - les Alpes de Lyngen (de Tromsø à Skaidi)

Nous quittons le confort du coco appartement - sorte de grosse coloc sympa, ou tout le monde profite des odeurs de cuisine des autres (et à ce jeu là on a gagné avec notre saumon aux oignons) - en direction des Alpes de Lyngen.  C'est un petit massif montagneux au caractère très alpin, sauf que les montagnes y terminent dans la mer.
  

Sur les sites internet il y fait toujours beau, mais même avec ce temps c'est assez grandiose.


Les norvégiens adoorent les grillades et, après avoir tondu leurs pelouses, ils se réfugient dans des espèces de cabanes octogonales construites autour du feu.  Très agréable.



Au col de kvænangstfjellet

En cherchant un bivouac ce soir là, j'ai frappé à la porte de Gunn Nilsen, une dame incroyablement accueillante malgré son nom.  Elle nous a laissé nous installer près de son Rorbu (cf  épisodes précédants) et est venue taper la discute avec deux chaises, des bières, des chips et du bois pour le feu.  Elle nous a raconté la dureté de la vie en Norvège dans l'après guerre, car les allemands, avant de se replier avaient brûlé toutes les constructions du fjord, forçant les habitants à construire des abris de fortune pour y passer l'hiver. 

Et il avait du charme ce Rorbu


On commençait à douter que le pays ait une faune (mis à part les mouettes et les "kivit kivit"). Et bien si ! 

Finalement on ne sait pas ce qui est le plus rare, saisir un renne ou une voiture de marque française (quasi inexistantes ici). Remarquez que les norvégiens mettent aussi le clignotant pour les rennes.  Ils sont courtois on vous dit.

Les essais architecturaux norvégiens sont parfois surprenants. J'ai l'impression très désagréable, face à cette northern light cathedral, d'être une araignée face à un balais d'aspirateur géant

Les norvégiens ont inventé une panoplie de termes pour toutes les sortes de pluie. "Yr" par exemple est un espèce de crachin très fin qui mouille et qui sèche en même temps. Le problème c'est que le temps de s'apercevoir que ce n'est plus du Yr, vous êtes trempé. 

Les chemins se raréfient dans le grand nord. Et certaines étapes obligatoires peuvent être indigestes.  C'est le cas de celle du jour, alta-skaidi,  80 km par pluie et vent de face sans un seul abris.   Or, pas d'abris, pas de pause. Pas de pause, pas de pause.  C'est long. 

Druss à quand même trouvé le courage de faire une photo, moi pas. 

Il paraît que c'est une méthode  très efficace pour adoucir la peau, enfin celle qui reste au bout de quatre heure.
 
 Bon, si tout va bien,  dernier épisode dans quelques jours.   Ha det bra ! 

vendredi 22 juillet 2022

Norvège 7 - le Vesterålen et Tromsø

Dans la continuité des Lofoten, il y a les moins connues Vesterålen, un ensemble d'îles un peu moins montagneuses, encore un peu moins peuplées.  Seule constante, vous avez deviné j'espère, le temps.
Sauf ce jour là. On ne dirait pas mais il faisait beau  


Pour trouver un bivouac, des fois c'est pas simple. Le "allemansrette" pourtant autorise quiconque en Norvège à planter sa tente où il veut à condition d'être à plus de 150 m d'une habitation et bien sûr en respectant quelques petites règles de base telles que ne pas y faire une rave party toute la nuit. En pratique, lorsque qu'on demande la permission à un fermier pour se poser dans son champ,  il a souvent subitement besoin d'y faire paître ses vaches dès 6h le lendemain.

Cette fois-ci pourtant celui-ci nous indiquera un accès à une plage publique bien sympa, qui nous permettra une première baignade ... dans une eau entre 7 et 10°.

Le lendemain, après 78 bornes sous la flotte, on se met, comme tout mammifère non pourvu de nageoires, à l'abris  des éléments déchaînés. Certains en profitent même pour s'installer leur home vidéo.

Mais on avance vaille que vaille 


On quitte Andenes sur un chouette Ferry 

Le skoghus center.  Cosy.  Unique lecture autorisée, la Bible qu'on trouve en toutes les langues.  J'ai eu quelques craintes que la patronne ne nous excommunie à la vue de nos bières (alcool interdit)



Depuis le pont qui mène à l'île de Sommarøy.


On repère par satellite la superbe plage sandviksletta. Mais zut, les renseignements étrangers y ont eu accès aussi : Il y aura finalement une dizaine de tentes ce soir là. L'occasion pour Druss de discuter avec un préparateur sportif belgo-canadien qui, avec sa femme, a démarré en vélo deux mois avant nous... mais du Portugal.😱

Le gars lui a conseillé de faire rouler la zone de la blessure sur un objet rond pour vasculariser : une canette de bière pleine et fraîche ça marche bien d'après Druss.

Oui on a cadré un peu la photo il y avait un peu de monde.


Et nous voilà enfin à Tromsø. Une ville bien plus vivante que Bodø.  


On atterrit chez Ruth, marathonienne allemande d'une gentillesse incroyable qui vit dans la banlieue de la ville avec son chien Civo (Kiiivooo), la prunelle de ses yeux.   Je comprends vite en voyant le chien gambader dehors au petit matin, alors qu'elle est partie travailler, que l'affaire risque d'être grave.  Impossible de ramener le clébard à la maison, malgré la tranche de jambon cru achetée au prix du zirconium que je lui balance sous le museau.  Au bout de vaines tentatives le voilà même qui disparaît.  On a dû rameute le quartier et Ruth pour finalement le retrouver.   

Demain départ de la dernière étape de ce voyage, le nordkap.  Il ne reste que 600 km mais aucun arbre pour freiner le vent.  Et il faudra passer le tunnel de l'enfer....