Il y a des étapes mythiques dans la vie d’un cyclotouriste, et le Lipez en fait sûrement partie. La piste s'étire depuis le sud du Salar jusqu'au Chili, sur près de 300km, qui se parcourent en moyenne en dix jours. Sur le parcours, pas de village, ni de routes goudronnées, mais des pistes en (très) mauvais état, des cols à près de 5000m, des températures de -15 la nuit, un vent permanent (et par définition à 80% de face). Bref du masochisme pur et dur dit Jean-marc (et il a raison). Mais alors pourquoi y aller? Et bien pour ça :
Parce-que le Lipez c'est aussi une diversité de paysages incroyable (ok, on reste dans le style désertique tout de même). Des lagunas, cernées de volcans qui culminent à 6000. Des geysers, des sources d’eau chaudes. Bref du spectaculaire.
La veille du départ, on s'est offert la meilleur Hostal de San Juan, histoire de se préparer à la diète alimentaire et sanitaire qui va suivre.
Atelier charge et détente
Prêts à en découdre
Les deux premiers jours donnent tout de suite le ton. Après la traversée d'un petit Salar, l'état de la piste prend son caractère définitif. De plus, nous sommes hors du parcours des 4x4. L'impression de solitude est totale.
Chiguana, base militaire bolivienne. Le désert des tartares, en pire.
La seule rencontre de la journée.
Premier bivouac près du volcan Ollague, seul abri sur la journée.
Et toujours le choix entre de multiples pistes dont l'état est impossible à prédire avant d'y être
Au deuxième jour, premières Lagunas: Canapa, Hedionda, Honda.
Laguna Canapa.
Laguna Honda, deuxième bivouac. Gelée au petit matin. Les flamants se regroupent pour garder les pattes hors de la glace.
En-cas dulce de leche sur des crackers. Basique mais énergique.
Heureusement, le grand schtroumpf est imperdable
Nous parvenons à un col vers 4700 au troisième jour. On s'y abrite du vent près des rochers. Nos amis les picachus (des viscachas) sont à ce point entreprenants que nous devons suspendre les sacoches de nourriture.
Les picachus à l'affût
L'état des pistes ne s'améliore pas en ce quatrième jour. On commence à douter que ce soit un jour le cas. On progresse péniblement jusqu'au soir, à la Laguna Colorada. Elle doit sa couleur à des micro organismes dont se nourrissent les flamants.
Le dilemme du grand schtroumpf, tôle ondulée (moyenne 5km/h) ou sable (moyenne 5km/h)
L'arbol de piedra
La laguna Colorada
Nous passons la nuit dans un Refugio, assez basique mais à l'abri du froid.
Le cinquième s'annoncait costaud et fut à la hauteur, si je puis dire. Nous devions bivouaquer aux geysers de mañana del sol. Situés à 5000 m, ils constituaient le point culminant du Lipez (et du voyage d'ailleurs). D'après le topo, "plenty of places to stay". En réalité, le seul endroit sur le site est une maison abandonnée, mais dont l'usage a été détourné... en baños géants. Compte tenu du vent et des températures négatives, nous voilà forcés de continuer sur l'étape suivante. On finira à décongeler dans les bains chauds de la lagune de Chalviri, à la nuit tombée.
Geysers de mañana del sol
Les deux derniers jours sont heureusement plus faciles pour rejoindre la civilisation.
Le désert de Dali
La laguna verde et le volcan Licancabur
A la sortie de 7 jours intenses, ça donne ça :
Deux clodos. Même le cadrage est raté :-)
Passage au Chili. Nous rejoignons enfin l'asphalte après 12j de pistes depuis Sabaya.
Enfin un peu de douceur à San Pedro de Atacama
Repos à San Pedro durant quelques jours. Bien que touristique, avec ses restos et ses boutiques, c'est une ville bien agréable. (Enfin on va quand même se faire un petit volcan à 6000m en randonnée...)
C'est bien installé dans un hamac confortable, depuis San pedro de Atacama, par 25 degrés, que je peux à nouveau pianoter sur mon portable. Depuis Coipasa, point de signal, mais beaucoup d'énergie dépensée, pour passer le salar d’Uyuni et le désert du Lipez. Reprenons donc.
Depuis Tahua, au nord du Salar , sous la présence écrasante du volcan Tunupa, nous larguons les amarres en direction de l'île Inca Huasi. Durant la nuit, le vent a considérablement forcit jusqu'à tourner à la tempête, mais il souffle dans le bon sens :-) La poussière balaie le salar et nous apercevons à peine notre destination. Je me laisse embarquer par une rafale qui me propulse en quelques secondes à 60km/h sur le revêtement de sel. Grisant mais très dangereux car le vent n’est pas stable.
Lumière un peu crépusculaire sur le salar et vent à dechapeauter un belge
Les 30 premiers km sont avalés en quelques minutes. Malheureusement sur le milieu du salar, le vent tourne au travers. Il faut bien qu’on pédale un peu.
On aborde donc Inca Huasi, petite île peuplée de cactus géants, en fin de matinée, après l'étape la plus courte du voyage.
Visez les petites flèches pour les distraits, absorbés dans le viseur de leur appareil photo..
Pour les cyclistes, assez nombreux à tenter la traversée, il existe une petite pièce à l’arrière du restaurant, qui peut les accueillir. Vers 5h, tous les 4x4 ayant levé l’ancre, nous avons l'île pour nous seuls. Nous y passerons une excellente soirée avec Anthony, cycliste rencontré dans l’après-midi.
Descansando, pero está Frío
14h30
16h30
Les cactus restent plus droit que nous
Enfin pas tous
Au levé du jour, la tempête, qui a tout de même impressionné un guide expérimenté, a cédé et nous apercevons enfin les sommets qui bordent le salar.
Les premiers 4x4 arrivent pour le lever du soleil
On fait alors route facilement au sud, vers San Juan, porte d’entrée du Lipez.
Et Jean-marc a définitivement repris la forme.
Demain, du sable, du polvo, de la tôle ondulée, des cols, des crevaisons, et autres festivités, en un mot, le Lipez...
L’impression que nous laisse les villes que nous avons traversées est presque toujours mitigée. Bruyantes, polluées, bordéliques aussi, mais pleines de vie. Oruro, ne fera pas exception. Nous quittons sans regret l'hôtel en direction de Sabaya, porte d'entrée vers le salar de Coipasa. Les premières étapes devraient être faciles
Nous longeons bientôt une laguna où paissent de paisibles ruminants
Ça c’est la photo On
La photo Off est moins reluisante :
Le combat contre les dépôts d’ordures sauvages, bien qu’engagé par les autorités boliviennes, sera ici long à gagner….
Ils se sont éclatés avec les panneaux routier
La journée se passe bien. Bitume excellent, dénivelés nuls, vent faible.Le soir on se pose près d’une borie bolivienne. On tient Sabaya en ligne de mire depuis une semaine. Il semble enfin à notre portée.
Et notre moral remonte encore d’un cran lorsque nous apprenons que la route est maintenant bitumée jusqu'au bout.
Bivouac près d’une laguna le second soir
Ok, pour ceux qui ont suivi, je l'ai déjà faite...
La panadería central de huachachalla. Peu avenante
Sabaya. L'arbre blanc de Minas Tirith
Pauvre Atahualpa, finir les pieds dans le béton, comme un vulgaire malfrat mafieux.
troisième jour, c’est fait! On est à Coipasa et à nouveau en route pour le sud bolivien. Le détour par Oruro est derrière nous. Nous nous engageons sur le salar:
A gauche ou à droite? On peut le dire après coup: on a pas choisi le bon côté :-) voir l'état des freins sur les photos suivantes
50 km de sel!
j'imagine passer par ici par temps de pluie : je comprends mieux pourquoi certaines personnes ont mis 3 jours pour traverser le salar!
Un dernier bivouac, entre les deux salars et nous atteignons Tahua, petit village breton au bord de la mer
Adieu salar de Coipasa...
Et bonjour salar d'uyuni
Ruelles de Salinas de García
Ici le salar d’uyuni à Tahua, par grand beau temps (venté) comme le deux cents jours précédents, Hasta luego, possiblement dans pas mal de jours (après le désert du Sud)